Clients attablés dans un café intime et lumineux
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Dans l’ombre de l’Occupation nazie, les cafés parisiens ont joué un rôle vital et méconnu dans la Résistance française. Ces établissements, en apparence anodins, se sont transformés en véritables bastions secrets où se sont tissés les fils de la lutte clandestine contre l’envahisseur. Plongeons dans l’histoire fascinante de ces lieux ordinaires devenus extraordinaires.

Les cafés, refuges discrets des réseaux clandestins

Au cœur de Paris occupé, les cafés sont devenus des points de ralliement stratégiques pour les résistants. Ces établissements servaient de cachette idéale pour tenir des réunions secrètes, partager des informations stratégiques et préparer des actions de sabotage. Parmi les réseaux les plus actifs, on retrouve :

  • Combat
  • FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans – main-d’œuvre immigrée)
  • Résistance
  • Le plan Sussex

Le café Hélice, situé avenue de la Motte-Picquet, illustre parfaitement cette double vie des établissements parisiens. Son propriétaire, Eugène Germain, ancien pilote de la Première Guerre mondiale, organisait des soirées dansantes fréquentées par les nazis. Sous couvert de ces festivités, il récoltait des informations précieuses qu’il transmettait ensuite aux services du général de Gaulle à Londres.

De même, le café Dupont, devenu aujourd’hui le café des Arts et Métiers, a abrité les premières réunions du groupe Manouchian-Boczov-Rayman. Ces 23 résistants communistes, surnommés « l’armée du crime » par les nazis, ont marqué l’histoire de la Résistance par leur courage et leur détermination.

Derrière le comptoir : des tenanciers héroïques

Les propriétaires de ces cafés contribuaient fréquemment et activement à la résistance contre l’occupant. Leur engagement et leur bravoure méritent d’être salués. Voici un tableau récapitulatif de quelques-uns de ces héros de l’ombre :

Nom Établissement Action de résistance
Eugène Germain Café Hélice Espionnage des officiers nazis
Joseph Lacan Café Lacan Accueil de réunions clandestines
Margot Khill Café de l’Électricité Cachette pour opérateur radio
Andrée Goubillon Café des Sussex Refuge pour 42 parachutistes français

L’histoire de Margot Khill, propriétaire du café de l’Électricité, est particulièrement remarquable. Situé à proximité d’un bureau de la Gestapo, son établissement est devenu un lieu de réunion pour les membres du plan Sussex. Khill a notamment aidé la résistante Jeannette Guyot à cacher un opérateur radio, permettant effectivement la transmission d’informations vitales.

De son côté, Andrée Goubillon a transformé son café de la rue Tournefort en véritable refuge pour les résistants. Elle a caché pas moins de 42 parachutistes français engagés dans le plan Sussex entre 1943 et 1944, au péril de sa vie.

Les cafés, bastions secrets de la Résistance française pendant l'Occupation nazie

Les cafés, creusets de la résistance intellectuelle

Au-delà des actions de renseignement et de sabotage, les cafés parisiens ont également été le berceau d’une résistance culturelle et intellectuelle. Des écrivains et penseurs engagés s’y sont réunis pour concevoir des publications clandestines, véritables armes contre la propagande nazie.

Le café La Frégate, près du quai Voltaire, a par suite vu naître les Lettres françaises en septembre 1941. Cette publication, initiée par Jacques Decour et Jean Guéhenno, a rassemblé des textes d’auteurs tels que :

  • Louis Aragon
  • François Mauriac
  • Raymond Queneau

De même, le Tea-Caddy, situé dans le quartier de la Sorbonne, a accueilli les réunions du mouvement Résistance en 1942. Ce réseau, fondé par le médecin Jacques Destrée, a publié un journal éponyme pendant 26 numéros, offrant une voix à la résistance intellectuelle française.

L’héritage discret des cafés résistants

Aujourd’hui, ces hauts lieux de la Résistance ont pour la plupart disparu ou changé de nom. Quelques plaques commémoratives restent les seules traces de leur rôle déterminant pendant l’Occupation. Le café Hélice est devenu le café Max, le café Lacan s’appelle désormais Le Fontenoy, et le café Dupont a été rebaptisé café des Arts et Métiers.

Néanmoins, l’esprit de résistance qui a animé ces lieux continue de vivre à travers la mémoire collective. Des initiatives ont été prises pour honorer ces bastions secrets de la lutte contre l’occupant :

  • Installation de plaques commémoratives
  • Rebaptisation de certains établissements (comme le « Café des Sussex »)
  • Publications d’articles et d’ouvrages sur le sujet

Ces cafés, témoins silencieux de l’histoire, nous rappellent que la liberté peut parfois se conquérir autour d’une simple tasse. Ils nous invitent à réfléchir sur le courage ordinaire de ceux qui, dans les moments les plus sombres, ont choisi de résister.

Les cafés parisiens, havres discrets des réseaux clandestins, ont occupé une place centrale dans la Résistance française. Voici les points clés :

  • Des lieux de rencontre stratégiques pour les résistants
  • Des tenanciers héroïques risquant leur vie pour la cause
  • Des creusets de résistance intellectuelle et culturelle
  • Un héritage discret, mais toujours présent dans la mémoire collective
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